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Christian DOMBRET, né le 22 mars 1946, est le seul arbitre de la province à avoir reçu le Mérite sportif provincial et fut aussi le tout premier arbitre de la province à avoir officié en D1. Il fut également membre du CP de 1996 à 2021 (atteint par la limite d’âge – 75 ans).
A son sujet, on pouvait lire dans le livre à succès de Francis COLLIN « Le p’tit Collin ILLUSTRÉ » ces quelques lignes :
« Originaire de Saint-Léger de Monbrun, en France, il est le seul arbitre de la province à avoir reçu le Mérite sportif provincial. C’était en 1991. Christian fut aussi le tout premier arbitre de la province de Luxembourg à avoir officié en D1. La date ? Le 10 septembre 1988. Le match ? Beveren-RWDM. Un match suivi par tous les membres de la CPA mais aussi bon nombre d’arbitres de la verte province.
Ce citoyen de Noirefontaine a joué à Redu avant de suivre les cours d’arbitre en 1974. Il dirige son premier match le 22 février 1975 : Sugny - Wellin, en cadets. Fin 1976, il arrive en première provinciale et accède à la promotion en août 1982. Trois ans plus tard, ce sera son premier test en D2.
Christian, figure de proue au sein des Salaisons Blaise, aura aussi à plusieurs reprises le bonheur de participer à des matches internationaux, comme assistant et arbitre de champ. L’un de ses plus beaux souvenirs reste sans conteste la demi-finale de Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe entre le Légia Varsovie et Manchester United où il officiait à la ligne. C’était le 10 avril 1991. Christian épaulait Alphonse Costantin et Marcel Van Langenhove.
Son dernier match en nationale fut la finale de la Coupe de Belgique entre Malines et l’Antwerp, avec un certain Philippe Albert dans les rangs malinois. Les Anversois s’imposèrent au terme d’un match épique : 2-2 après prolongations et 9-8 aux tirs au but.
Quant sonnera l’âge de la retraite au niveau national, Christian rejoindra les rangs de la CPA puis ceux du CP.
Rencontrons Christian qui reste, à 78 ans, sémillant, affable, en pleine forme … l’âge n’a pas d’emprise sur lui.
Quel a été ton parcours en tant que joueur ?
J’ai joué à Redu de 16 à 22 ans à ma place de prédilection, bac droit et j’ai porté le brassard de capitaine. J’ai eu la chance d’avoir comme entraîneur Jean STEURS, ancien joueur d’Anderlecht. J’ai arrêté assez tôt mais il faut dire que je me suis marié à l’âge de 23 ans, et de plus j’ai construit ma maison en faisant beaucoup moi-même. Cela, plus le boulot, j’ai dû faire le choix de ranger mes « crampons ».
Quel a été ton « déclic » pour te lancer dans l’arbitrage ?
Au Marché des Abattoirs d’Anderlecht, je rencontrais très souvent Georges BLAISE (fondateur des Salaisons qui portent son nom – Président du RRA Florenville – Membre du CP) et c’est lui qui lui m’a fait les « yeux doux » pour que je me lance dans l’arbitrage. Son club venait de monter en Promotions et il n’avait pas d’arbitre affilié.
De mon parcours arbitral, je voudrais préciser que mon accession à la nationale (en Promotion à cette époque) et mon maintien à cet échelon sont vraiment un concours de circonstances. Cette année le candidat n° 1 était André MICHOTTE mais lors d’un match de fin de saison à Bastogne, René THILL l’a « descendu » dans ses colonnes du journal l’Avenir du Luxembourg avec pour conséquence qu’André, choqué et anéanti desdits propos, démissionna. Etant le candidat n°2, j’étais bien en place mais il fallait encore que je reçoive une dérogation (j’avais 36 ans et l’âge limite pour monter était 35 ans), chose que j’ai obtenue grâce au soutien d’Albert GEORGES (membre du Comité Exécutif de l’Union Belge). Durant ma 1ère année, je n’ai reçu que des très bons rapports de mes examinateurs mais pour une raison qui m’est inconnue, une cabale, sous le « règne » de Louis WOUTERS, président de l’Union belge et également président ff. de la CCA, s’est montée contre les arbitres luxembourgeois les obligeant tous à redescendre en provinciales. Heureusement une fois de plus, j’ai été soutenu par le futur nouveau président Fred DELCOURT, grâce également à l’intervention de Jacques LOISEAU (représentant de notre province à la CCA), qui a convaincu les autres qu’on ne pouvait pas me faire redescendre au vu de mes très bons rapports ; le destin fait parfois bien les choses.
Ton (tes) meilleur.s souvenir.s en tant qu’arbitre ?
- Je n’ai que des bons souvenirs mais je retiendrai mon dernier match en province (Saint-Hubert/ La Roche) avant de monter en promotion. Victoire de St-Hubert qui montait ainsi en promotion, et qui coiffait sur le fil Bouillon accroché à Bertrix (NB. Bouillon, convaincu de remporter le titre, avait fait le déplacement avec le petit train touristique). Je retiens également de ce match le fait d’avoir reçu le ballon du match dédicacé par tous les joueurs Borquins (que j’ai encore) et d’être monté dans le « pigeonnier » du Président GRAFTIAUX (les anciens savent de quoi il s’agit) ;
- Il y a eu également en 2ème nationale Molenbeek-Berchem avec la montée de Molenbeek en D1 (match qui s’est terminé dans un bordel indescriptible (l’obscurité la plus totale) car les plombs du stade avaient sauté), ainsi qu’Alost-Seraing où Alost a émergé pour monter en D1 ;
- Je pense également à mon premier match en D1 Beveren-RWDM ainsi, qu’en tant qu’assistant, mon premier match international Wrexam-Lingby (Pays de Galles) mais également Autriche-Danemark à Vienne, Varsovie-Manchester United (1/2 finale de la Coupe des Coupes) ou encore Neufchâtel-Celtic de Glasgow (1/4 finale de la coupe de l‘UEFA), et encore bien d’autres …
Peux-tu partager une anecdote intéressante ou amusante ?
J’ai souvent arbitré avec des assistants de la province et, à l’issue du match La Louvière-Harelbeke où j’étais assisté d’Albert LEBLANC et Hubert GUISSARD, un membre du comité nous a invité au repas de mariage de sa fille et le délégué nous a ensuite invités pour le dernier verre. L’heure tournait … c’est donc vers 6h du matin que nous avons quitté La Louvière et lorsque je suis rentré mes deux enfants regardaient une émission (Chocolat chaud) à la TV. Ce que nous ne savions pas c’est que l’épouse d’Hubert avait téléphoné à la gendarmerie pour demander s’il n’y avait pas eu d’accident signalé et elle s’était également mise en contact avec mon épouse et celle d’Albert. Pas de GSM à cette époque !!
Tu as connu plusieurs arbitres durant ta carrière, il y en a-t-il un que tu voudrais sortir du lot ou tous t’ont apporté quelque chose à leur manière ?
Chacun à sa manière m’a apporté quelque chose mais je souhaiterais quand même citer deux personnalités Alex PONNET et Marcel VAN LANGENHOVE avec qui j’ai eu l’opportunité et la chance d’officier au plus haut niveau.
Quel collègue t’a le plus impressionné, et pourquoi (niveau provincial, national et international) ?
Un Bouillonnais, Marcel ISTACE – élégance, prestance sur le terrain. Petite anecdote le concernant : il devait monter en nationales, et alors qu’il avait fait un excellent match à Bertrix (match capital), l’examinateur du jour le reconnaissant également, a remis un rapport négatif car il avait arbitré avec des souliers sales. En fait, il avait joué la veille en vétérans et il n’avait pas pris le temps de laver ses chaussures pour son match du samedi - petites causes grands effets (Fût-ce le prétexte pour faire monter quelqu’un d’autre, la question restera (sauf pour les décideurs) sans réponse !).
Alex PONNET pour son élégance, sa rigueur et sa gentillesse.
Une mention spéciale pour une arbitre actuelle, Stéphanie FRAPPART, pour sa qualité d’arbitrage et son courage.
Durant ta carrière, quel joueur/entraineur t’a donné le plus du fil à retordre ?
Je ne me souviens pas vraiment avoir eu de problème avec un joueur en particulier, ma relation avec eux a toujours été cordiale et respectueuse. Par contre pour l’entraineur, je pourrais citer M. Robert WASEIGE, le plus virulent sur la touche et qui pouvait parfois être assez désagréable. A contrario, son fils Frédéric était un plaisir à arbitrer.
Quel est le club qui reçoit le mieux lors des réceptions d’après-match ?
C’était très bien partout mais je vais quand même dire Lokeren où on était reçu dans un cadre exceptionnel (château possédant une vaste cave à vins millésimés et de Grands Crus) et avec un service à la cloche (un serveur par convive), et dans une moindre mesure Anderlecht où nous avions le privilège de manger à la table du Président Constant VANDEN STOCK et du manager Michel VERSCHUEREN, deux personnalités importantes du football belge.
Des cadeaux ?
Il était de coutume à cette période de remettre un petit présent aux arbitres (bouteille de champagne, de vin, montres, …) mais le plus marquant fut celui reçu par le Président de Neufchâtel (Suisse). Ce dernier nous a véhiculé en personne dans la ville en nous disant : « vous voyez ce commerce, c’est à moi, et celui-là, aussi, etc. (il apparut au final qu’il en possédait beaucoup et qu’il avait de larges moyens). Le lendemain du match (qualification de Neufchâtel – pour info, le club a joué le Réal de Madrid au tour suivant), le Président, tellement il était ravi, nous a offert des montres pour toute la famille et nous a emmenés dans une de ses boutiques en nous permettant d’acheter des habits jusqu’à concurrence de 25.000 francs belges.
Un regret dans ta carrière ?
J’ai eu une carrière bien remplie et je n’ai aucun regret.
Quelles sont les différences les plus marquantes au niveau de l’arbitrage entre le football d'aujourd'hui et celui de ton époque ?
A mon époque, les joueurs étaient plus respectueux de l’arbitre !
Quelles sont, pour toi, les valeurs essentielles qu’un joueur de foot amateur et qu’un arbitre devraient posséder ?
Respect des autres, des collègues, des dirigeants et des vrais supporters.
Quel conseil donnerais-tu aux jeunes arbitres qui voudraient débuter dans la fonction ?
Suivre attentivement les cours, avoir une bonne condition physique, une bonne hygiène de vie et ne prêter aucune attention aux remarques et quolibets de certains spectateurs.
Tu devrais te décrire en tant qu’arbitre ?
Je pourrais, modestement peut-être, souligner ma capacité à me remettre en question après chaque rencontre. J’aime l’arbitrage par amour du foot dans le respect des joueurs, des dirigeants, des gens en général.
Une journée type lorsque tu allais à l’entraînement ?
Lever à 5h du matin pour aller au travail, journée terminée à 16h45, ensuite direction le Heysel (350 kms aller-retour) pour l’entraînement, retour vers minuit pour recommencer la journée à 5h, et ce une fois par quinzaine minimum. Course à pied (8 à 10 kms) après mes journées de travail et le mardi entraînement soit à Bertrix, soit à Bastogne.
Un rituel d’avant match ?
Echauffement physique, contrôle de la feuille d’arbitre, instructions aux assistants, recommandations aux deux capitaines … et quelques petits bonbons (5 Sugus dans la poche – par peur d’une petite fringale) et une prière avant de monter sur le terrain.
Passage à la CPA et ensuite basculement vers le CP : Pourquoi ?
Après ma carrière au plus haut niveau, je suis resté pendant quatre ans dans ce qu’on appelle désormais le BRA mais les personnes en place faisaient du bon travail et je n’ai pas senti que je pourrais leur apporter une valeur ajoutée.
Une place s’étant libérée au sein du CP, je m’y suis tourné suite à l’insistance du regretté Benoît MICHEL, président du RAC Neuvillers et membre du CP. Ce fut pour moi une très belle expérience et cela m’a permis de regarder le foot provincial sous un autre angle.
Durant ton passage au sein du CP, tu as connu plusieurs présidents, lequel était le meilleur ?
Pour moi, ils étaient tous très bons. Chaque président avait ses particularités, et personnellement, je me suis toujours bien entendu avec tout le monde. Je peux dire qu’ils ont tous un point commun, ils travaillent dans l'intérêt des clubs luxembourgeois.
Maintenant, si je dois en citer un, je dirais, celui avec qui j’ai eu le bonheur de siéger le plus longtemps, Michel ROSSIGNON … une personnalité, une aura, une autorité naturelle, un meneur d’hommes … j’ai beaucoup apprécié sa manière d’instaurer sa discipline (consentie) et sa conduite structurée lors des séances ..., et pour ne rien gâcher « après l’effort, le réconfort ».
Quelle est ton opinion sur l’utilisation de la technologie comme le (la) VAR ?
Moi personnellement, dès le départ, j’étais contre, et quand je vois comme cela se passe maintenant, cela me donne raison d’être contre. Je trouverais son utilisation utile lorsqu’il y a but ou pas but ou lorsque l’erreur arbitrale est manifeste. Mais, à partir du moment où l’arbitre est au milieu du terrain et qu’à chaque décision de l’assistant arbitre, il est obligé de demander s’il a raison ou pas, je suis tout à fait contre. Il faut laisser au corps arbitral sa prise de décision et/ou son interprétation. Il y a un arbitre, et le voir mettre sa main à l’oreille à chaque décision, cela me dérange. Il sert à quoi, que l’on mette un robot au milieu du terrain ou que l’on mette quelqu’un sur une chaise au bord du terrain comme au tennis, et puis ce sera la technique qui va arbitrer. Les arbitres sont totalement déresponsabilisés – ils sont «tenus en laisse» par le VAR. Tu ne vas quand même pas au football pour attendre pendant 3, 4, 5 minutes une décision, laquelle peut parfois être l’annulation d’un but pour un hors-jeu qui s’est joué au millimètre - quelle frustration. Un jeu fluide, une hiérarchie claire entre les arbitres, la spontanéité des émotions après un but, la responsabilité assumée par l'arbitre central sont des éléments essentiels au football. Or, ils sont affectés par le VAR, voire détruits, alors qu'ils sont partie intégrante du charme du foot – sport d’émotions et de spontanéités.
Aurais-tu une anecdote croustillante à nous raconter sur un des membres actuels ou passés du Comité provincial (question de Rénald WAUTHIER) ?
Je pourrais en citer plusieurs mais elles ne sont pas à dévoiler au grand public. Une qui pourrait l’être, c’est que notre collègue Jean-Claude MERCHE a dû faire plus d’une fois le « tampon » entre feu Bernard LHEUREUX et Patrice GERARD et ce, pendant ou à la suite de discussions fort « houleuses » entre eux.
Questions – réponses du tac au tac :
Ton club de coeur ? Anderlecht ;
Ton joueur au sein des Diables rouges ? Timothy CASTAGNE pour son jeu, son implication, son réalisme et son humilité ;
Plat préféré ? Viandes mijotées ;
Musique préférée ? Les chansons françaises ;
Mer ou montagne ? La mer, de longues promenades sur le sable ;
Pâtes ou frites ? Frites maison ;
Couleur (noir ou blanc) ? Le blanc ;
Bière ou vin ? Un bon Orval de temps en temps, un verre de vin en mangeant, et, de temps en temps, une « petite goutte » après le repas ;
Qu’est-ce qui te faisait te lever le matin ? Le bonheur d’aller travailler et de se sentir utile ;
Qu'emporterais-tu sur une île déserte ? Un cahier, des crayons et une canne à pêche ;
Ta chanson sous la douche ? Cela va des années 60 à la génération actuelle, selon le temps et/ou l’humeur du jour.