Pour notre deuxième « Personnalité du mois », notre choix s’est porté sur un vrai ardennais, qui a la tête bien sur les épaules et qui évolue/a évolué dans des clubs que l’on peut qualifier de mythiques (Excelsior Mouscron, Germinal Beerschot, RE Virton et Union Saint-Gilloise), il s’agit de Guillaume FRANCOIS.
A son sujet, on pouvait lire dans le livre à succès de Francis COLLIN « Le p’tit Collin ILLUSTRÉ » ces quelques lignes :
« Cet ardennais pure souche, filleul de Pol Leemans, a fêté ses cent matchs de D1 au cours de l’année 2014. Le Champlonnais débute sa carrière dans le club de son village, mais à l’âge de 15 ans, il poursuit son apprentissage à Virton. Il n’y restera qu’une saison, car il est repéré par les scouts d’un Mouscron alors florissant et reconnu pour son école de jeunes.
A l’âge de 18 ans, Guillaume s’ouvre les portes de l’équipe fanion ; il dispute son premier match contre Tubize et inscrira son premier but la saison suivante au Germinal Beerschot. Il rejoindra d’ailleurs ce club en décembre 2009 parce que l’Excelsior est alors contraint de mettre la clef sous la porte. Le joueur passera trois saisons dans le club anversois avant de rallier le Sporting de Charleroi lors du mercato de janvier 2013. Un choix judicieux : s’il recule dans le jeu, au poste d’arrière droit, Guillaume devient un pion majeur de l’échiquier carolo. Son palmarès compte aussi une cinquantaine de sélections dans les équipes nationales de jeunes ».
Que trouve-t-on à son sujet sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Fran%C3%A7ois
Chouette petit reportage (3ème épisode d’Unionist) : https://www.youtube.com/watch?v=4bhXICAy3ws
Découvrons-le :
Guillaume est né le 3 juin 1990 à Libramont-Chevigny, a habité à Champlon-Ardennes avec ses parents Benoit et Martine Leemans (Le nom « Leemans » = une famille de footeux : Pol, Marc, Alain) et ses frères Maximilien et Pierre-Antoine, a épousé Aisling D’Hooghe (hockeyeuse professionnelle qui joue pour les Waterloo Ducks et l’équipe nationale en tant que gardien de but ; également échevine à Waterloo) en 2020 et est père d’un petit garçon, prénommé Cali.
Tu devrais te décrire en tant que joueur ?
Pur droitier aimant arpenter son flanc droit et finir par un centre, et qui, avec l’âge, a vu ses qualités intrinsèques naturelles (vitesse, explosivité) se transformer en endurance et en joueur expérimenté et réfléchi.
Quant à mon côté humain et social, je peux dire que je suis un joueur qui aime beaucoup la vie de groupe et le vestiaire.
Ton meilleur souvenir ?
1. Un match en Europa League 2022/2023 (phase de groupes) à Braga avec une victoire 1-2 qui présage une qualification pour les 8èmes de finale.
2. Le titre avec l’Union Saint-Gilloise en 2021 et mon but contre le RWDM (que l’on peut voir dès la 45ème seconde dans l’épisode « Unionist » précité).
Ta saison la plus aboutie ?
La saison 2014-2015, saison durant laquelle Charleroi se qualifie pour les play-offs 1 et je suis 33 fois titulaire sur les 36 matchs. C’est également à ce moment que Felice Mazzù me reconvertit (avec bonheur) en back droit.
Ton meilleur coach ?
Felice Mazzù que j’ai connu durant 3 saisons au Sporting de Charleroi et 2 autres avec l’Union. Pour moi, Felice possède une gestion très différente des autres coachs, il maîtrise parfaitement le côté humain et psychologique de son groupe joueurs.
J’ai également apprécié Miroslav Đukić à Mouscron (saison 2009/2010, saison durant laquelle le club disparaît officiellement de la division 1 en décembre 2009 à la suite d'un troisième forfait). Entraineur qui a joué l’essentiel de sa carrière dans le football espagnol et dont j’ai adoré ses entrainements avec beaucoup de ballons.
Ton but le plus marquant ?
Mon premier but en D1 avec Mouscron au Germinal Beerschot lors de la saison 2009-2010. Si je me rappelle bien, je suis à la réception d’un centre dans le grand rectangle et je marque d’une frappe croisée au sol. Et bien évidemment, je dois aussi citer celui marqué lors du titre avec l’Union contre le RWDM.
Ton meilleur équipier ?
Damien Marcq, qui est au-dessus des autres, et Anthony Moris, qui était déjà un ami avant d’être un coéquipier.
De tous les équipiers avec lesquels tu as pu jouer, lequel est :
- Le plus technique ? Maxime Lestienne (Mouscron).
- Le plus mauvais perdant ? Christian Burgess (Union).
- Le plus marrant/drôle (l’animateur du vestiaire) ? Teddy Teuma (ex. Union aujourd’hui à Reims) ; vraiment un top capitaine à la « déconne » facile (c’était connerie sur connerie).
- Le plus stylé ? Cameron Puertas (Union) - le look du futur, et Damien Marcq (Charleroi) – toujours à la page vestimentaire.
- Le plus engagé (l’équipier que tu préfères avoir dans ton équipe lors des oppositions aux entrainements) ? Kevin Mac Allister (Union), chez lui un duel c’est un duel, et Alexandre Teklak (Mouscron) qui savait remettre à sa place un petit jeune qui s’enflammait un peu trop (à cette période, il y avait encore le respect des anciens).
Ton rituel d’avant match ? Superstitieux ?
Au contraire de beaucoup d’autres joueurs, je suis à contre-pied car je n’ai aucun rituel et je ne suis nullement superstitieux. J’aurais trop peur que pour une raison ou une autre je ne puisse accomplir mon éventuel rituel, provoquant ainsi chez moi une certaine angoisse et une peur d’être « puni » de ne pas l’avoir accompli.
Ce que tu détestes dans le foot ?
C’est parfois fort politique dans les choix des joueurs c’est-à-dire une direction qui s’immisce dans les choix sportifs en « imposant » la titularisation de tel ou tel joueur afin qu’il prenne de la valeur. Il existe aussi un jeu de pouvoir avec les agents. Je ne vais pas cracher dans la soupe mais le « foot business » a peut-être pris trop d’influence au détriment de l’éthique sportive.
A contrario, ce que tu aimes dans le foot ?
L’ambiance du vestiaire, la vie journalière dans le groupe, l’adrénaline du jeu, les victoires, l’émotion que peut procurer un stade (dernièrement à Liverpool par ex.), les supporters (leurs chants, leurs encouragements, c’est magnifique).
Ton idole d’enfance ? Posters dans ta chambre ?
David Beckham. Je prends beaucoup de plaisir à regarder sur Netflix une série documentaire (8 épisodes) revenant sur son ascension fulgurante, de ses débuts modestes à son statut d'icône. On peut le voir haï par toute l’Angleterre (éliminée) lorsqu’il a pris une carte rouge lors du match à élimination directe de la Coupe du monde contre l'Argentine (en France).
J’adorais l’équipe de Manchester United avec Ryan Giggs, David Beckham, Wayne Rooney, Paul Scholes, …, et avec Alex Fergusson entraineur. Cette équipe m’a vraiment fait rêver.
Mes posters : celui bien évidemment de David Beckham et ceux de Samuel Eto’o et de Wayne Rooney.
Ton épouse et toi êtes des sportifs de haut niveau, facile de concilier tout cela au quotidien ?
Quand nous sommes hors compétition cela va, on sait s’occuper du petit. Par contre, lorsque nous y sommes et que notre compétition respective nous oblige à être fort pris ou à l’étranger pendant plusieurs jours, nous devons compter sur notre famille (parents, frères/sœurs … nous avons encore de la chance que la maman d’Aisling habite également Waterloo) … l’entourage est très important.
Le fait d’être tous deux sportifs de haut niveau, c’est également plus facile à vivre car nous nous comprenons, nous savons ce que c’est, que ce soit le côté mental (le sport est fait de joies, de peines et de déceptions donc la compréhension et le soutien sont essentiels) et tous les sacrifices à faire pour être ou rester au top. Nous avons également la chance d’être au quotidien au club ou en sélection nationale (Aisling s’entraine comme en club) et nous disposons d’un chef pour les repas, et vu qu’il cuisine toujours en quantité, nous pouvons reprendre pour le soir.
Vous vous intéressez mutuellement à vos sports ? Toi au hockey et ton épouse au foot ?
Bien évidemment, nous nous y intéressons et nous allons très souvent nous voir l’un l’autre. J’ai appris à connaitre le hockey grâce à Aisling (240 capes en équipe nationale) car chez nous, en Province de Luxembourg, ce sport n’existait pas vraiment (ce jour, il y est encore timide mais il existe). Bien que les règles ne soient pas toujours aisées à comprendre, je trouve ce sport très intéressant et on pourrait même aller chercher certaines de leurs règles pour améliorer notre football.
Tes passions/hobbies en dehors du foot ?
Le paddle (je rencontre justement Guillaume sur le terrain de paddle de Champlon où il était occupé à jouer avec son épouse et ses frères Maximilien - ex. joueur de Champlon et de Tenneville et Pierre-Antoine - joueur de Marloie).
Il y aussi mes cours d’entraineur (j’ai suivi l’UEFA B en accéléré et je suis l’UEFA A (1ère année : prépa et la 2ème : travail à remettre). Une fois ce diplôme acquis, je serai bloqué, et je devrai attendre ma retraite ou mon intégration dans un staff pour pouvoir éventuellement suivre la licence UEFA Pro.
Questions – réponses du tac au tac :
Plat préféré ? : Steak-frites-salade (« en tant que fils et petit-fils d’agriculteur, cela va de soi, hein, la viande »).
Musique préféré ? : Années 90-2000.
Mer ou montagne ? : Mer.
Quick ou McDo : Quick.
Pâtes ou frites : Frites (« la pomme de terre, on connait chez nous … demande aux frangins et au paternel »).
Noir ou blanc : Noir.
Tomorrowland ou opéra : Tomorrowland.
Qu’est-ce qui te fait lever le matin ? Ma passion du foot, l’entrainement.
Qu’emporterais-tu sur une île déserte ? Un briquet.
Quel est ton meilleur moment de la journée ? Le repas du soir en famille durant lequel on peut expliquer sa journée.
Ta chanson sous la douche ? Dancing in the Moonlight https://www.youtube.com/watch?v=67CN8FOCc84
Quelques anecdotes :
- A Mouscron, lorsque le club a commencé à connaitre ses gros problèmes financiers, moi en tant qu’espoir, nous nous retrouvions avec les anciens (Teklak, Lepoint, Van Dooren, …) pour boire un verre ensemble et nous changer les idées et bien c’est là que je me suis rendu compte que les joueurs pros savent également faire la fête.
- Toujours à Mouscron, Enzo Scifo était notre coach, et entre l’entrainement du matin et de celui de l’après-midi, il me prenait ainsi qu’un autre jeune (nous étions deux jeunes dans le groupe) et nous faisions tous trois des transversales de plus de 30-40 mètres pendant de longues minutes ;
- Lorsque que nous avons signé à Virton, Antho et moi, suite à un pari vieux de nos débuts professionnels, nous nous étions jurés de jouer au minimum une saison dans le même club avant la fin de nos carrières. Alors quand Virton s’est présenté à nous, nous nous sommes dit : dès que l’un signe, l’autre est obligé de signer ! Nous sommes alors descendus ensemble vers Virton avec un arrêt BBQ chez le célèbre « Jojo », papa d’Antho, et après quelques saucisses et un bon verre de rosé 😉, nous avons finalement décidé d’aller signer à Virton.
- Lors d’un team-building avec l’Union du côté de Liège où il faut emprunter de très nombreux lacets pour arriver au site, notre car s’étant « pendu », nous avons été contraints de finir le trajet à pied (3, 4 kms).
Quel serait le dirigeant qui t’a le plus marqué ?
1. Gil Vandenbrouck de Mouscron, qui en tant que directeur sportif s’est déplacé jusqu’à Champlon pour expliquer à mes parents les spécificités de l’école des jeunes de Mouscron et son désir de m’avoir dans son club ; c’est justement dans ce club que j’ai signé mon premier contrat pro ;
2. Chris O’Loughlin, l’actuel directeur sportif de l’Union, qui travaille beaucoup avec les datas et qui a le don d’aller chercher des pépites … on peut dire que depuis 5 ans, il est très efficace/intelligent dans son recrutement, il a vraiment une vision d’anticipation sur les futurs départs.
Ton futur ?
J’ai 34 ans en fin de saison et mon contrat avec l’Union prend fin en juin 2024 … pour la suite, on verra année après année, tant que la passion est toujours là et que le corps et la tête suivent, pourquoi pas, à l’Union (où je me sens très bien (même avec mon statut actuel de plutôt « réserviste ») et où le football produit aujourd’hui est certainement un des meilleurs en Belgique) ou ailleurs.
Comme déjà dit, si ma carrière de joueur devait s’arrêter, je suis les cours d’entraineur donc l’idée d’intégrer un staff technique d’un club pro pourrait, si j’en ai la proposition, être envisageable.
J’ai aussi un diplôme de comptabilité en poche, maintenant il est certain qu’une remise à niveau sera nécessaire, à voir mais qui sait, il me sera peut-être bien utile un jour.
Consultant ? Pourquoi pas mais dans ce cas, chose que je ne fais pas assez actuellement, je vais devoir regarder beaucoup plus de matchs et plus approfondir mes connaissances sur les joueurs, sur les clubs … je vais peut-être y prendre goût car cette semaine je serai consultant chez Proximus pour la League des champions.
Suis-tu notre football provincial ?
Malheureusement, par faute de temps professionnel ou familial, pas assez. Je sais juste, grâce à mon frère Pierre-Antoine, que la situation de Marloie est pour l’instant compliquée. Avant, quand mon autre frère Maximilien jouait encore, je pouvais recevoir d’autres informations un peu plus provinciales et/ou locales mais vu sa retraite, ma source s’est amoindrie.
Un petit mot sur l’Excelsior Virton ?
Lorsque j’ai rejoint Virton (j’avais 28-29 ans, encore quelques belles années devant moi) avec Anthony Moris, nous étions tous deux en situation délicate avec nos clubs respectifs (lui avec Malines et moi avec le Beerschot), nous avons été séduits par le discours et par le projet. En place, il y avait des personnes de confiance, Marc Grosjean (coach), Sébastien Grandjean (conseiller), … Monsieur Flavio Becca (président) qui a les reins solides et qui était à même de mener Virton vers la D1A. Nous étions très contents de revenir jouer dans notre Province et nous avions vraiment la conviction de pouvoir rejouer un jour en D1A avec ce club. Nous y avons passé de très chouettes moments mais malheureusement (le covid est passé par là), notre histoire commune ne s’est pas terminée comme nous l’aurions tous espéré.
Merci à Guillaume pour cet entretien et au temps qu’il a bien voulu m’accorder pour le réaliser (😉merci aussi pour la 3ème mi-temps à la cafétéria du Centre sportif avec « Pierre, Paul, Jacques » ; à un rien près, je me retrouve en soirée à manger au spaghetti de l’équipe féminine de volley de Champlon).
Nous (le Comité Provincial du Luxembourg) en profitons pour le féliciter d’avoir porté bien haut nos couleurs au niveau du football national, et nous tenons encore à le remercier pour sa présence à notre banquet du centenaire de notre football provincial du 11 juin 2022 à Bertrix. Merci, et bon futur à toi.