NOEL
Noël ... Y a-t-il une fête plus belle et plus triste à la fois? Y a-t-il plus tendre rassemblement familial et plus vive solitude ?
Chaque année, beaucoup se réfugient derrière les repas, les cadeaux, et n'osent pas dire ce qu'ils pensent. Ils gardent leur rancoeur. D'autres sont seuls et aimeraient, peut-être, tant crier leur douleur et leur solitude.
Durant ces fêtes de fin d'année, le bonheur et le malheur se partagent aussi. N'est seul que celui qui le pense. Noël devrait être une période de dialogues, de regard vers l'autre, de simples échanges entre personnes. L'important serait de ne pas passer à côté de ces moments car nous sommes trop occupés à résoudre des problèmes matériels. Il faut savoir tout lâcher pour consacrer un peu de temps à ceux que l'on aime.
Que valent des mains tendues, des paroles positives, des gestes de bonne volonté si en face, on rencontre du négatif et de sinistres individus? Chaque jour nous apporte son lot de trahisons et de cons. Pourtant tout n'est pas si tordu que l'on pourrait le penser. Il suffit de presque rien pour que tout aille mieux. Chacun, dans son coin, possède un atout formidable: la possibilité de faire en sorte que tout n'aille pas aussi mal.
Vous savez, j'ai rêvé d'un monde meilleur. Un jour, je passe au bistrot la "Mort Subite" à Bruxelles pour déguster une "pintje". Ici, on rencontre des travailleurs, des touristes, des habitués, ...
Ce jour-là, un petit bonhomme est entré. Il ne connaissait personne, mais après quelques minutes, il avait envie de parler à quelqu'un, de faire le premier pas (comme la chanson) vers un consommateur. J'étais seul et il s'est dirigé vers moi. Il avait le sourire. Nous avons discuté de tout et de rien, lui avec son croustillant accent bruxellois. Il a ri, j'ai ri, nous avons beaucoup ri. Il était l'exact opposé de tout ce qui l'on voit aujourd'hui; des gens repliés sur eux-mêmes. Noël devrait être cela aussi, une ouverture vers l'autre, écouter ce qu'il a à nous dire.
A tous ceux et celles qui ont perdu un être cher, je leur souhaite un joyeux Noël. Mais peut-on encore parler de bonheur à ces parents-là? Ou plutôt de survie après la douleur extrême. Peut-on encore être heureux quand on a perdu la chair de sa chair? Où ces parents vont-ils chercher la force de sumonter la pire des épreuves? Ils la trouveront au pied du sapin. C'est un cadeau qui n'est pas emballé: c'est justement la force qu'ils se donnent pour avancer. Et celle qui vient de l'autre.
Eugène DE FISENNE.